Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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La fonction de chaque étage dans un donjon rectangulaire


 
Le donjon rectangulaire comprend généralement "trois ou quatre niveaux et une plate-forme sommitale. Le rez-de-chaussée est toujours aveugle pour des raisons de sécurité ; il sert de magasin pour entreposer des armes, des vivres (silos à grain, à viande et à poisson séché), un trésor éventuellement. Il sert rarement de prison. 
L'accès à ce niveau de base se fait par une échelle ou un escalier à partir du premier étage. 
Au premier étage, on trouve la résidence princière ou seigneuriale composée d'une salle, et, séparées par le mur de refend percé de portes ou d'arcades, des chambres, celle du maître, celle des filles et des nourrissons. 
Au deuxième et au troisième étages, la chambre des garçons et des locaux réservés à la garnison. 
La circulation intermédiaire se fait par des escaliers droits compris dans l'épaisseur des murs. 
La plate-forme sommitale est constituée par le sommet des murs et par la surface des toits en très faible pente. Le chemin de ronde est protégé par le crénelage... 
Un puits assure l'approvisionnement en eau : il est le plus souvent placé dans l'épaisseur du mur de refend de façon à desservir facilement tous les étages y compris la plate-forme... 
L'entrée se situe toujours au premier étage pour des raisons de sécurité. On accède à la porte soit par une passerelle de bois amovible (un tronçon formant pont-levis et porte), soit par un avant-corps en pierre contenant un escalier droit." ( Decaens J., 1997, p. 185-186).



 fig. 5 - Le Queu (à gauche) ; fig 30 (à droite) : reconstitution de L. Hedin montrant 
des voûtes à chaque étage alors qu'il n'y en avait qu'au premier niveau.

Ce que l'on sait pour Alençon
 
Au XIIème siècle, le donjon d'Alençon et sa chemise devaient être les seuls édifices bien construits du château, le reste pouvait être en bois. La tour était alors à la fois le siège du pouvoir exécutif et judiciaire et le logement du seigneur. Les salles du rez de chaussée (à 13 m de haut) cumulaient selon les heures toutes les fonctions. 
L’édifice médiéval du XV ème siècle comportait six niveaux : niveau de fondation, voûté en plein cintre, puis rez de chaussée, dont l’entrée devait se trouver au niveau du fronton du palais de justice actuel, et quatre étages, tous couverts d’un plancher, reposant à chaque niveau sur un mur de refends qui accueillait les foyers et les conduits des cheminées (I. Chave, 1998, p110).

Le donjon abritait encore sous l’occupation anglaise un certain nombre de chambres, comme celle d’un lieutenant, sans doute du vicomte ou du capitaine (A.N. KK 1338, n° 96. 1439, 22 nov.) ; et un espace de convivialité, la salle du danjon. Les certificat du maître des œuvres, pour des travaux d’installation de gouttières et de tuiles, ou de charpente, en 1438 et 1439, la situent manifestement au dernier niveau. 
La salle disposait des installations de confort de l’édifice : un four, propre au donjon, mentionné en 1439 (A.N., KK 1338, n° 96. 1439, 22 nov.); un puits, représenté sur le plan géométral de Le Queu (repère D). Sa localisation, au rez-de-chaussée, sous la rampe de l’escalier inframural, est confirmée par les plans du rez-de-chaussée et des trois premiers étages du donjon, donnés par l’ingénieur Boesnier, en décembre 1780. Le dernier étage est celui des deux grandes baies à meneau, mais aussi de deux bassins ménagés dans les murs sud-ouest et nord-est, absents des plans des étages inférieurs par Boesnier (I. Chave, 1998, p. 127).
 
 

La grande salle dans les châteaux (ou aula)
(Au XII ème siècle elle était souvent au rez de chaussée du donjon, par la suite elle a souvent été déplacée dans la haute cour)

"La grande salle est, par excellence, le coeur de la vie du château ou du palais. Au pignon est installée l'estrade, et, au centre de celle-ci, le dais sous lequel trône le maître des lieux, encadré par épouse et dames d'honneur. A proximité est installé le dressoir portant avec ostentation les signes du train de vie seigneurial. Le long des murs de la grande salle sont disposés quelques bancs; mais on marche plus qu'on est assis. C'est ici que se déroulent les fêtes et les grands événements, les repas officiels, mais aussi la justice.
Les pouvoirs exécutifs et judiciaires exigent, de tout temps, des espaces publics pour s'exprimer et s'exhiber [...] devant un public soigneusement choisi pour reconnaître le pouvoir. [...] Dès l'origine de la féodalité, il exista dans le château une salle commune où le seigneur prenait ses repas, où il exerçait sa justice, rassemblait ses conseillers afin qu'ils délibèrent. Lorsque le moment du repas s'achevait, les tables étaient démontées, on dressait éventuellement les sièges pour la justice seigneuriale ; le soir, une fois le souper terminé, on remplaçait les tréteaux par des lits destinés aux hôtes de passage les plus marquants [...] dans une promiscuité aujourd'hui oubliée ; le ménestrel avait chanté sa chanson, avant que les paillasses dressées par le service ne reçoivent les corps de chevaliers exténués par chasses et tournois.

Le décor des espaces résidentiels était, en lui même, signe de richesse, de luxe et d'ostentation. On oublie trop souvent aujourd'hui que, dans la plupart des salles, les murs portaient des peintures sur enduits figurant des scènes de tournoi, de guerre ou de chasse, voire simplement des des décors de fausses tentures. Les plafonds contribuaient à cette mise en scène." 
(J. Mesqui, 1995, p. 80-85)

 
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